Nonante ou quatre-vingt-dix ?

L'Homme a su d nombrer et compter avant de savoir crire. En Eurasie, notre premi re num ration s'est incarn e dans le langage une date ant rieure celle de l'invention de l' criture en M sopotamie o naissent les premi res soci t s agropastorales.

Dans l'espace francophone, le syst me de num ration est profond ment d cimal, bas sur 　10　 . Pourtant, les traces d'un syst me vig simal fond sur 　20　 sont conserv es en fran ais standard, avec quatre-vingts et quatre-vingt-dix, au lieu d'octante　/　huitante et nonante. Outre des difficult s pour l'apprentissage du nombre, ces irr gularit s de la num ration, partag es notamment par le breton ou le gallois (langues celtiques), mais aussi par le danois (langue germanique) et le basque, demeurent le casse-t te des linguistes et des historiens.

La r solution tout fait in dite de cette nigme apporte surtout du 　grain moudre　 la controverse scientifique qui fait rage aujourd'hui sur l' ge des langues indo-europ ennes et l' poque de formation de ses familles.

Cette minutieuse enqu te l' chelle continentale dans les recoins les plus actuels des sciences - linguistique historique, ar ale et typologique, dialectologie, philologie, arch ologie pr historique, anthropologie sociale, psychologie cognitive, arithm tique, etc. - nous fait entrevoir le chemin parcouru par l'humanit pour concevoir, depuis les soci t s de chasseurs-cueilleurs, la pluralit et l'id e de nombre.