Eiffel

Eiffel voulait ma triser l'espace et le vent au moyen de la raison, du calcul et du travail d' quipe. Sa tour de fer, construite pour l'Exposition universelle de 1889, devait tre un symbole de progr s, de libert et de concorde. A peine sortie de terre, elle d clenche les passions: la tour est laide autant qu'inutile, c'est un amas de ferraille, le d shonneur de Paris . Vingt ans plus tard, elle est devenue l'une des plus belles expressions du g nie fran ais .
L'homme qui a laiss son nom ce monument majeur de l'histoire de l'humanit tait servi par une foi in branlable dans le progr s scientifique et dans la technologie. Issu de la petite bourgeoisie de Dijon, Eiffel, ing nieur dipl m de l'Ecole centrale, a un formidable sens de l'organisation; il a aussi un sens de la communication qui lui permet de tisser de solides r seaux d'influence et de s'allier avec des banques d'affaires.
Son ascension est spectaculaire, l'image de ses constructions m talliques: le pont ferroviaire de Bordeaux, le pont de Cubzac, le viaduc de Garabit, le viaduc de Porto, la gare de l'Ouest Budapest, la statue de la Libert . On lui doit encore le grand escalier du Bon March , Paris, l'Observatoire de Nice, des glises, des halls de gare, des usines gaz, des dizaines de kilom tres de ponts, en fer ou en acier. On les retrouve aux quatre coins du monde, en Espagne comme en Chine, en Egypte, en Alg rie, en Indochine, en Am rique latine. C'est une extraordinaire success story, jusqu'au fabuleux contrat du canal de Panama, dont les cluses enrichiront Eiffel et saliront son image. Il quitte les affaires et se d couvre de nouvelles passions: l'astronomie, la m t o, la TSF; il est surtout l'un des pionniers de l'a rodynamique. Retir dans ses laboratoires, il poursuit recherches et exp riences scientifiques jusqu' ses derniers jours.

Professeur l'Universit Paris IV-Sorbonne, Michel Carmona est l'auteur de nombreuses biographies. On lui doit notamment Marie de M dicis (Fayard, 1981), Richelieu (Fayard, 1983), et Haussmann (Fayard, 2000).